Une Histoire de Runan
Décider d’intituler cet article « Une Histoire de Runan » et non pas « Histoire de Runan » c’est énoncer qu’il pourrait y en avoir une autre, voire bien d’autres suivant les choix opérés par leurs éventuels auteurs.
Celle-ci est le fruit de quelques recherches personnelles mais surtout d’un travail de compilation et de réécriture de multiples sources. Elle est articulée autour de quatre chapitres aux titres volontairement peu académiques mais illustrant diverses périodes disparates dans leurs durées mais qui nous ont pourtant semblé pertinentes
Cet article est donc une ébauche d’un travail en cours et pour lequel la participation d’habitants de Runan ou de toute autre personne intéressée est la bienvenue.
Il y a bien bien longtemps… de la Préhistoire au Moyen Age
Période dont on connaît peu de choses en ce qui concerne Runan mais dont nos connaissances plus générales nous permettent d’inférer quelques conséquences locales
Runan se situe sur le tracé d’une ancienne voies romaine, celle qui reliait Portus Namnetum (Nantes) à Vetus Civitas (Le Yaudet) à l’embouchure du Léguer. Celles-ci formaient un réseau aux multiples ramifications en Bretagne.
Mais tout commence évidemment par une Légende…
Il semblerait qu’à l’emplacement actuel de l’église s’érigeait un chêne consacré à Bénélos ou Teutates et qu’un moine, déposa dans un buisson d’aubépine proche une figure de Marie et de l’enfant Jésus.
Bien sûr, le Chêne idolâtre a tôt fait de dépérir et bientôt meurt… Sur l’emplacement de ce miracle fut construit un premier édifice chrétien.
Il y a bien longtemps… du Moyen Age à la Révolution
Période pendant laquelle est édifiée l’église de Runan, et la vie du bourg marquée par une très importante activité de foires.
Le nom de Runan apparaît pour la première fois dans une charte du XIIème siècle sous le nom de Run Ar Gant (la colline d’argent) mentionnant les aumôneries que possédaient les Templiers en Bretagne.
Cette aumônerie devait certainement comporter un « moustier », chapelle dédiée à « Madame Sainte Marie », protectrice et patronne de l’Ordre du Temple.
Cette aumônerie dépendra de la Commanderie du Palacret, lieu-dit de la commune de Saint-Laurent à une dizaine de kilomètres, elle-même rattachée à la Commanderie de La Feuillée dans le Finistère.
Après la dissolution de l’Ordre, Runan échut en 1312 aux Hospitaliers de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem (aussi appelés chevaliers de Rhodes puis chevaliers de Malte).
Un certain Olivier de Monteville, seigneur de Launay-Monteville, natif de Runan, prit part au célèbre « Combat des Trente » au coté de Jean de Beaumanoir, épisode bien connu de la Guerre de succession de Bretagne qui mit aux prises les maisons de Blois et de Montfort, respectivement alliées du royaume de France et de celui d’Angleterre en Mars 1357.
Le développement de Runan s’est donc fait donc essentiellement autour de son Eglise et de la Halle, disparue, mentionnée dans un certain nombre d’ouvrages, et où se tenaient d’importantes foires.
Runan était alors une trêve de Plouëc, c’est à dire une « annexe » de la paroisse principale. Il faut dire aussi qu’à cette époque existait encore le château-fort de Chateaulin-sur-Trieux sur l’actuelle commune de Plouëc et qui fut détruit lors des guerres de succession de Bretagne, en représailles des affrontements qui eurent lieu entre les partisans des familles de Clisson et Penthièvre, alliées du roi de France et ceux de la famille de Jean V, Duc de Bretagne (1399-1442) .
Une des importantes conséquences en fut le déplacement vers Pontrieux de la population des alentours et l’importance que prit Pontrieux.
Les familles dominantes de Runan (les Le Saint, les Kerambellec ou Kerbellec, les Kernec’hriou seigneurs de Lestrézec) dont on retrouve les armoiries sur la maitresse-vitre de l’église gothique sont à l’origine de l’édification de l’église actuelle sur l’emplacement de l’ancienne chapelle romane dont il reste encore des traces.
De plus, de nombreux droits de foire avaient été octroyés depuis le XIVème siècle jusqu’au XVIème. A titre de comparaison, si l’on compte 7 foires à Runan, il n’y en a que 5 à Pontrieux, ville pourtant déjà bien plus importante.
Un des évènements importants de l’histoire de l’église et donc de Runan fut le fait que la dépouille du Duc Jean V de Bretagne y passa la nuit lors de son transport solennel de Nantes à Tréguier. Ce même Duc avait octroyé en 1414 une première foire à Runan en faveur de la fabrique de la paroisse puis une seconde en 1421, Pierre II en fit une autre en 1450.
En 1455, Pierre II, Duc de Bretagne, va faire visite au roi de France et emmène les meilleurs lutteurs bretons dont Olivier de Kernec’hriou
Il n’y a pas si longtemps... de la Révolution à la Guerre de 14
Partie qui s’intéresse à l’évolution du bourg de Runan et à son insertion dans une Histoire plus globale.
Avec la Révolution, la paroisse de Runan, ancienne Trêve de Plouëc, devient par la loi du 14 Décembre 1989 la commune de Runan. Sa délimitation reprend largement celle de l’ancienne paroisse, tout comme pour le plus grand nombre des quelques 44000 autres paroisses constituées au Moyen Age et transformées elles aussi en communes.
Une loi du 22 Décembre 1789 institue la division territoriale en Départements, Districts et Cantons.
En 1793, les « Patriotes de Pontrieux » brisent le calvaire de l’enclos paroissial. Les débris y resteront jusqu’au début du 20eme siècle…
En 1800, les préfets de département désignent les maires et les adjoints des communes de moins de 5000 habitants, ce qui est le cas de Runan.
En 1831, à la suite de la révolution de Juillet, et de l’institution de la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe est instauré l’élection au suffrage censitaire des conseillers municipaux.
1856
Comme l’indique un des ouvrages cités dans la bibliographie, l’apiculture était une des composantes importantes de l’activité agricole de la région.
Dans L’Apiculteur, bulletin de la Société centrale d’apiculture d’Octobre 1856, il est fait mention de la qualité du miel d’un apiculteur de Runan, Mr Le Gac, parmi seulement 22 autres producteurs cités, participant à l’Exposition universelle de 1855 ainsi qu’au Concours Agricole Universel de 1856.
1861
Il y a 737 habitants à Runan.
1884
Les Conseils Municipaux sont élus au suffrage universel pour un mandat de 4 ans, celui-ci sera porté à 6 ans en 1929. Le Maire est élu par le Conseil Municipal.
1887
Dans l’ouvrage « la Bretagne maritime » qui décrit les côtes bretonnes en s’appuyant sur le découpage administratif des quartiers maritimes, il est fait mention de Runan (646 habitants), comme appartenant au syndicat de Pontrieux, l’un des 4 syndicats de communes du quartier maritime de Paimpol, lui-même rattaché au sous-arrondissement de Brest.
Paimpol est un des 13 quartiers maritimes composant le sous-arrondissement de Brest et celui situé le plus à l’Est.
En 1906 a lieu un Dénombrement. Ce Dénombrement a pour objet l’établissement des listes nominatives des habitants.
Au terme de ce dénombrement, il y a alors sur la commune de Runan 136 maisons, 149 ménages et 545 habitants.
1909
A la suite de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, des décrets portant attribution de biens ecclésiastiques sont édictés. Ainsi, le 5 Novembre 1909
« sont attribués à la commune de Runan, à défaut de bureau de bienfaisance, les biens ayant appartenu à la fabrique de l’église de Runan et actuellement sous séquestre, la présente attribution faite sous la double condition par la commune :
1) d’affecter tous les revenus ou produits desdits biens au service des secours de bienfaisance
2) d’exécuter les charges maintenues par la liste ci-dessus visée »
Pour mémoire, ce ne sera qu’en 1970 que sera supprimée l’approbation préalable du budget communal par le préfet…
C’était hier... de la Guerre de 14 aux Années Soixante
Partie qui traite des événements historiques de la période et des importantes transformations de la vie quotidienne.
RUNAN et la Première guerre mondiale (en cours de rédaction)
Le Train à Runan
Il faut savoir qu’en 1900 on dénombre en tout huit automobiles dans le département, il y en a 85 en 1905. Jusqu’alors les déplacements ont lieu à pied ou à cheval et en calèche… pour arriver à 12492 immatriculées en 1932.
C’est le 9 Mars 1905 que la ligne Plouëc-Tréguier est ouverte aux voyageurs avec une halte à Runan ainsi qu’à Pommerit-Jaudy et La Roche-Derrien avant de rejoindre Tréguier. Elle fut en exploitation jusqu’au 15 Mai 1939.
On peut encore voir la halte, rue de l’ancienne gare. C’est d’ailleurs sur l’emplacement de l’ancienne voie que fut réalisée une portion de la D8 qui relie Guingamp à Tréguier.
Cette ligne Plouëc-Tréguier s’inscrivait dans l’important maillage ferroviaire que constituait le réseau dit du « petit train des côtes du Nord ».
Ce réseau comprenait à l’origine 11 lignes dont l’exploitation avait été concédée à la Compagnie des chemins de fer des Côtes du Nord. Il fut complété par la suite par un second réseau de 13 lignes.
La Ligne Tréguier-Paimpol avec des arrêts à Trédarzec, Pleumeur-Gauthier, Lézardrieux, Plouenec et Paimpol. Le réseau permettait en fait à qui voulait de continuer tout le long de la côte jusqu’à St Brieuc…
Il faut remarquer que ce réseau ferroviaire était un réseau métrique (l’écartement des rails étant de 1 m) comme le second réseau qui fut un développement du premier et celui du « Réseau-Breton » alors que la compagnie des Chemins de fer de l’Ouest qui exploitait la ligne Paris-Brest avait un écartement de voie dit standard (1435 mm/ les fameux quatre pieds huit pouces et demi dus à George Stephenson, le constructeur de la première locomotive !).
Runan et la Seconde Guerre Mondiale (en cours de rédaction)
L’arrivée de l’eau courante à Runan
1945 70% des communes rurales ne sont pas desservies. (en cours de rédaction)
L’arrivée de l’électricité à Runan
Les départements de l’Ouest et plus particulièrement la Bretagne furent les plus difficiles à électrifier. Les raisons en sont nombreuses ; une population très dispersée et répartie sur toute la commune, de petites exploitations qui pratiquent la polyculture et l’élevage, des bâtiments agricoles et des fermes de taille modeste, un grand nombre d’exploitation affermées et morcelées, un obstacle physique sérieux à l’établissement des lignes de distribution dus aux nombreux talus plantés d’arbres et de haies et surtout une absence presque totale de grandes centrales hydroélectriques ou thermiques.
Comment vivait-on sans électricité dans le monde rural ?
La lampe à pétrole ou au carbure ainsi que les bougies étaient les principales sources d’éclairage ainsi que la lumière du feu de cheminée…
C’est seulement vers 1860 qu’avec l’utilisation du gaz se développe l’éclairage public en ville. C’est dire Arrivée de l’éclairage électrique sérieuse concurrence pour les compagnies de fourniture de gaz.
1879 Invention de l’ampoule à incandescence (Edison)
A Morlaix, la compagnie Lebon qui distribuait du gaz depuis 1857 commence à fournir de l’électricité à partir de 1902 (courant continu) puis du courant alternatif à partir de 1924.
En 1887 la ville de Chateaulin sera la première cité finistérienne (la troisième en France) à s‘éclairer aux ampoules électriques (avec une électricité produite par la chute d’eau de l’écluse de Coatigrac’h) suivront les villes de St Brieuc, Lorient (1894) puis Brest.
En 1919 sur les 38014 communes de France métropolitaine, 7500 sont raccordées…
Yves Le Troquer, originaire de Pontrieux, ministre des travaux publics sous la Troisième République sera à l’initiative du Programme de l’électrification rurale entre 1920 et 1938.
En 1928 entre 15 et 30% des communes sont électrifiées en Bretagne.
L’électrification sera mise en œuvre par des syndicats intercommunaux à l’échelle du canton, syndicats qui se regrouperont à partir de 1937 en syndicats départementaux pour pouvoir discuter à pied d’égalité avec les industriels, fournisseurs d’électricité du secteur. C’est pendant cette période qu’est construite la Centrale de Guerlédan (1923/1930) concession de la Compagnie Générale d’Entreprises puis de sa filiale UHEA (Union Hydroélectrique Armoricaine). A cette occasion est aussi créé un maillage de ligne 45000 Volts.
Entre 1920 et 1940, les petites entreprises disparaissent (1450 entreprises privées coexistaient) ou sont absorbées par les deux compagnies qui dominent le marché en Bretagne : la Compagnie Lebon (Cotes d’Armor) et Energie Industrielle (le reste de la Bretagne).
En Janvier 1941, 36899 communes sont desservies…
97 % de la population française mais seulement 55% de la population rurale dans les Côtes du Nord…
A la fin de la guerre en Bretagne, près de la moitié des logements ruraux n’ont toujours pas accès à l’électricité.
Dans le grand processus de transformation de la société française initié par les gouvernements issus de la Libération les nationalisations d’un nombre important d’entreprises concernent aussi les « réseaux », et ainsi l’Eau, l’Electricité, le Téléphone et les Chemins de Fer deviennent des biens publics et contribuent à la modernisation de l’ensemble du territoire.
La nationalisation de l’électricité et du gaz conduite par Marcel Paul, un parlementaire communiste est votée le 8 Avril 1946 par l’Assemblée Nationale qui décide aussi de la création d’EDF.
Le programme d’électrification en milieu rural est repris mais c’est seulement en 1964, peut-être même 1968 pour quelques hameaux isolés du canton (1948 pour le reste de la France) que s’achève avec EDF l’électrification intégrale du territoire avec une péréquation des prix et des tarifs assurant l’égalité de tous les habitants.
Mais cette électrification ne s’est pas faite aisément et bien souvent il a fallu à la fois de multiples interventions des élus locaux et l’auto-organisation des habitants pour que l’électrification ait lieu… Bien souvent ce sont des associations de riverains qui se cotisent pour payer les poteaux, un transformateur par quartier… et leur installation… Ce sont ces regroupements de particuliers et de communes qui donneront naissance aux différents syndicats d’énergie qui se regrouperont finalement dans le SDE (syndicat départemental de l’Energie).
C’est aussi dans ce moment que se créent des entreprises privées dans la région qui connaitront un important développement, comme l’entreprise Le Du fondée en 1947 ou la société Garczinski et Traploir spécialisée dans la fabrication des poteaux.
Le remembrement à Runan (en cours de rédaction)
Sources :
Archives départementales des Côtes d’Armor
Gallica
Couffon René. Runan. Congrès archéologique de France CVIII ème session Saint Brieuc 1949
Gélard François. L’église de Runan, ses origines, son histoire. Revue de Bretagne et de Vendée. Mai 1900
Guellec Agnès. Le remembrement rural dans le département des Côtes-du-Nord. In: Norois, n°70, Avril-Juin 1971. pp. 295- 314
Lucas Jérôme. La fée électricité entre dans les campagnes bretonnes.
Editions Récits
Ropartz Sigismond. Notice sur Runan. Annuaire des Côtes du Nord.1854